Nous vivions très vite. Rapidement.
La nuit avait des lumières, alors...
Sans hésiter le moindre instant, agréable légèreté de l'être, nous vivions vite, vite, vite...
Et les voyages en bus étaient nos seuls instants de repos. Nos corps acceptaient tout, ils ne connaissaient pas encore l'idée de la mort prochaine...
Nous ne nous installions pas. Nous errions mais vite, toujours vite.
La fatigue était un ennui inutile. Nous n'avions jamais soif.
Nous mangions sur des coins de table, à-même le sol poussiéreux ou sur des lits défaits. Nous mangions peu et vite, nous mangions avant d'aller déranger ceux chez qui l'on s'imposait, ceux-là qui commençaient déjà, malgré leur jeune âge, à frissoner dans des petits locaux bien chauffés aux lumières tamisées et rassurantes, ceux-là qui organisaient des petites fêtes bien sympathiques, entre amis partageant les mêmes et fades idées.